Hugo Mudie est né à Ville D’Anjou, d’une mère bonne en dessin et d’un père bon au hockey. Très jeune, il déménage à Repentigny où il apprend rapidement à jouer à la guerre dans les boisées, mais à ne pas marcher sur les pelouses de certains Monsieurs, pour qui la densité du vert du gazon est une marque de prestige et de richesse, que seul un maboul avec singe sur épaule oserait y mettre le bottillon à la pointe courbée d’un jeune Alibaba.
Au primaire il se voit confier le rôle de Richie Sambora dans un concours de lipsync popularisé par le bambin Coallier, pendant que son ami Jonathan, plus mince, plus beau, plus bleu au niveau oculaire, interprète celui d’un Jon Bon en pleine possession de ses moyens, tant convoités par notre petit Elton en devenir. Déçu il mange une pizza pochette très rapidement devant The Price Is Right en revenant à la maison.
Il quitte sa carrière de gardien de but élite à sa première année de Cégep pour se consacrer à sa nouvelle passion: être tout seul à la cafétéria et regarder les filles du coin de l’oeil en écoutant The Broadways dans son discman. Il finira de peine et de misère son DEC en Art-Plastiques, tout juste avant de partir en tournée pendant les 13 prochaines années avec le groupe punk à la Good Charlotte meets Crass, The Sainte Catherines, en tant que leader charismatique. Enfin, Jon Bon est à lui, notre petit Elton est né. Hugo Mudie rentre dans la légende. La légende de Jimmy. Go Johnny Go, amène le bateau sur le bassin, ramène le bateau sur le quai.
Il fait plusieurs entrevues dans des webzines qui intègrent le mot « punk » dans leur nom.
En 2006, il signe un autographe sur la poitrine d’une fan à Santa Cruz, en Californie, à la demande de son mari, qui plus tard, ce sent mal avec la situation et essaie d’effacer la signature au Sharpie permanent à l’aide d’un gaminet du groupe de Mudie, imbibé d’une petite quantité de salive mixée avec de la Miller High Life. Le cercle est complété.
Il est invité deux fois à Belle et Bum où il fait pleurer un Norman Brathwaite à bout de souffle.
On le voit parfois à la télévision, où son front reluis, dû à une calvitie agressive et une nervosité évidente face à la fragrance d'une Chéli Sauvé-Castonguay.
Il apprend à jouer de la guitare à l’aube de sa crise de la quarantaine, mais l’arthrose qui lui ronge les doigts tel un furet qui se serait faufilé dans le board du Studio Piccolo l’empêche de devenir moindrement bon. Il se contente de bomber la lèvre supérieure et de secouer la tête de bas en haut pour saluer la foule, avec sa petite casquette, qui le soutient depuis son long parcours sur le fleuve tumultueux de l’underground ambiguë, en pensant dans sa tête « Si seulement j’étais la moitié de l’homme que Jim Duggan était quand il s’avançait vers la plaque. »
Personne ne sait vraiment combien d’albums et de chansons il a faits en tout avec ses formations, mais c’est à peu près le même nombre que Michel Rivard et Crampe en Masse ensemble.
En 2024, à l'aube de ses 25 ans de carrière en musique, Mudie quitte subitement la chanson pour se consacrer à l'art visuel et à l'écriture. Il ne chantera plus jamais de sa vie et il meurt à un moment donné. Certains sont tristes, mais la plupart s'en crissent.